André HEINTZ, résistant caennais

Mis à jour le 24/01/2024

André Heintz est né en mai 1920 à Caen. Il effectue ses études secondaires au lycée Malherbe de 1930 à 1938. Après deux années passées au lycée Henri IV à Paris en hypokhagne et khagne, il prépare une licence d’anglais à l’Université de Caen.

L’engagement

Au cours de l’occupation, dès l’automne 1940, il entre dans la Résistance après avoir rencontré un aumônier polonais, l’abbé Makulec, responsable d’un réseau franco-polonais. Il accomplit alors des missions de renseignements.

apporte alors son aide aux prisonniers évadés et se renseigne sur les installations allemandes de Carpiquet et sur les faux aérodromes installés par les Allemands pour tromper les Anglais.

En 1942, par l’intermédiaire de deux amis, Jean Guérin et Robert Delente, il intègre l’Organisation Civile et Militaire (OCM). Rapidement, il organise un groupe de jeunes à Caen constituant un état major avec diverses ramifications dans la région. Il assure alors des liaisons entre Caen et Bayeux. Il poursuit son activité de renseignement concernant le dispositif allemand. Le domicile de ses parents, avenue de Bagatelle, est situé à proximité de l’Etat major de la 716e division de la Wehrmacht.

Il fournit ainsi des renseignements sur les mouvements de troupes, l’implantation de batteries, la construction de blockhaus. Il réussit également à prendre quelques photos et à se construire un poste à galène.

Les renseignements collectés et les photos prises clandestinement sont alors transmis à Londres. Il aide aussi les résistants traqués ou des aviateurs en leur fournissant de fausses pièces d'identité ou en les plaçant dans des refuges sûrs.

Après les arrestations qui frappent l'OCM à l'automne 1943, André Heintz, sous le surnom de "Théophile", intègre le réseau Cohors-Asturies, dépendant de Libération-Nord, après un contact avec Alexis Lelièvr.

Convoqué au service du travail obligatoire en 1943, il se soustrait à l’appel et se fait embaucher comme professeur d’anglais à l’Institut Saint-Joseph grâce à la complicité du directeur. Avec une dizaine de camarades, il fonde un petit groupe de résistants, le groupe Saint-Jo qui diffuse des journaux clandestins et procure de faux-papiers aux réfractaires au Service du Travail Obligatoire (STO).

Avec ses camarades, il diffuse des journaux et des tracts clandestins comme le Cahier du Témoignage chrétien en milieu étudiant et fournit aux réfractaires au STO de fausses pièces d'identité.

Au début de l’année 1944, il est chargé d’organiser le groupement Organisation Civile et Militaire des Jeunes (OCMJ) pour l’ensemble de la Basse-Normandie. Il assure les liaisons avec deux maquis de l’Orne et du Sud Calvados.

A partir du 6 juin, jusqu’à la libération de la rive gauche de Caen, il intègre les équipes d’urgence de la croix rouge comme brancardier. A l’arrivée des troupes alliées à Caen le 9 juillet, il se porte volontaire pour aller à leur devant. De juillet à novembre 1944, il sera alors l’interprète du colonel Usher qui dirige le détachement des affaires civiles britanniques.

Après la guerre

Après deux années passées comme assistant à l’Université d’Edinbourg, André Heintz revient enseigner l’anglais au lycée Malherbe (1947-1965), puis à l’Université, à l’Institut Universitaire de Technologie de Caen (1965-1983). Par trois reprises au cours de sa carrière, il enseigne à l’étranger: aux Etats-Unis lors des années scolaires 1950-51 et 1962-63 et en Angleterre en 1955-56.
En 1982, il prend sa retraite après 39 années d’enseignement. Mais il n’en continue pas moins ses activités dans le domaine de la recherche historique. Il a eu un rôle actif lors de la création du Mémorial de Caen. Membre du Comité d’Histoire de la Seconde Guerre mondiale, il reste toujours correspondant de plusieurs historiens anglais. Il témoigne régulièrement devant les jeunes générations notamment dans le cadre de la préparation du concours de la résistance et de la déportation.

André Heintz est décédé le 31 octobre 2017, à l’âge de 97 ans.

Décorations :

  • Chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’Honneur ;
  • Chevalier dans l’Ordre National du Mérite ;
  • Croix du combattant volontaire de la résistance ;
  • Croix du Combattant ;
  • Commandeur dans l’Ordre des Palmes académiques ;
  • Médaille de bronze de la Croix Rouge Française pour « sauvetage pendant la bataille de Caen » (juin-juillet 1944) ;
  • Médaille « pour service rendus à la Nation en 1944 » par la mairie de Caen.

Publications :

Publications personnelles : Contributions à des ouvrages collectifs :

| Opération « Aquatint »
avec Gérard Fournier, 12-13 septembre 1942, aux éditions Orep, 2005
| « L’Eau et les civils pendant la bataille de Caen »
in L’eau à la source de la victoire 1944, Editions Saecno, 1994
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| La vie quotidienne des étudiants à l’Université de Caen de 1939 à 1955
avec Jean Collin, aux Presses Universitaires de Caen, 1994
| « Caen pendant la bataille : récit d’un témoin »
in Normandie 44, Institut d’Histoire du Temps Présent, Albin Michel, 1987
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| La Manche 1940-1944
avec Marcel Leclerc, aux éditions Libro-Sciences, 1978
| « Un membre de la Croix Rouge et de la Résistance raconte… »
in Témoignages et récits de la vie caennaise, 6 juin-19 juillet 1944, Ville de Caen, 1984
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