Bernard DUVAL, un adolescent sous l’occupation

Mis à jour le 06/06/2016

Bernard Duval est né à Caen (Calvados) le 19 mai 1925. Ses parents habitent rue du magasin à poudre à Caen. Même si il aurait aimé poursuivre des études plus longtemps, il quitte l’école à l’âge de 14 ans, à l’été 1939 et entre dans la vie active en septembre suivant au moment où la guerre éclate.

Après une brève période d’exode au moment de l’invasion allemande, la famille Duval regagne Caen. C’est à leur retour, qu’ils entendent l’appel du général de Gaulle. Bernard Duval dont le père est un poilu de la Grande Guerre, comprend le désarroi de ses parents devant la défaite. Avec un groupe de copains, ils souhaitent à leur tour résister à la contrainte.

L’engagement


Son premier acte « officiel » de résistance a lieu en octobre 1941 au profit du réseau Hector. Jeune ouvrier menuisier, il doit poser des portes de cellules au sein de la maison d’arrêt de Caen et profite de cette introduction dans le milieu carcéral pour passer des lettres au responsable local du réseau, André Michel, peintre décorateur de son quartier, qui a été arrêté quelques semaines auparavant. Ce dernier sera fusillé en mai 1942.

Bernard Duval entre véritablement dans la Résistance par l’intermédiaire de son camarade de classe Bernard Boulot en janvier 1942. Ce dernier préparant un CAP de tourneur sur métaux a été en contact avec des étudiants membres du mouvement Front National. Tous les deux accomplissent des missions de renseignement qui consistent en des relevés de positions sur la côte et sur les fortifications du mur de l’Atlantique. En raison de leur jeune âge, on ne se méfie pas d’eux. Mais en janvier 1944, un des membres du petit groupe dérobe des papiers importants au bureau du mouvement de collaboration, le RNP. S’en suit une vague d’arrestations conduites par la Gestapo.

Bernard Duval est arrêté le 10 mars 1944. Malgré un interrogatoire musclé, il ne parle pas. Il est enfermé dans la cellule 27 de la maison d’arrêt de Caen. On lui promet une exécution sommaire. Un aumônier de la Wehrmacht vient même lui donner la communion.

L’arrestation, l’internement puis la déportation


Il quitte la maison d’arrêt de Caen le 20 mai 1944 soit plus d’une quinzaine de jours avant le massacre de plusieurs dizaines de résistants par la Gestapo aux ordres d’Henrich Meier. Paradoxalement, sa déportation lui sauve la vie en lui évitant d’être une des victimes. Il est envoyé au camp d’internement de Royallieu. Le 4 juin, il quitte ce camp pour une destination inconnue.

Deux jours plus tard, le 6 juin, alors qu’il est enfermé dans un wagon en gare de Francfort-sur-le-Main, il apprend par un conducteur STO d’une locomotive voisine que les Alliés ont débarqué en Normandie. Il est à la fois heureux car cette nouvelle apporte un vif espoir et inquiet pour ses proches, ce débarquement ayant lieu dans sa région natale.

Il est envoyé au camp de Neuengamme puis est transféré à Sachsenhausen, au kommando de Falkensee. Il y connaît l’enfer de l’univers concentrationnaire nazi. Son amitié avec son camarade Bernard Boulot, déporté avec lui, lui permet de surmonter des moments difficiles. Il est libéré le 26 avril 1945 par l’Armée Rouge. Il réussit à rejoindre Paris, transite par l’hôtel Lutetia avant de retrouver sa famille à Caen.

L’après-guerre


Le retour est difficile. Lorsqu’il rentre en Normandie cela fait plus de neuf mois que la région a été libérée. La population n’est pas à l’écoute. Elle souhaite désormais parler d’autre chose que la guerre. De plus, son environnement familial a changé. La maison de ses parents, rue du magasin à poudre a été détruite par les bombardements. Ils vivent désormais dans une petite maison à Mondeville.

Après avoir mis près de six mois avant de retrouver une santé lui permettant de travailler de nouveau, il reprend sa place dans la menuiserie. En avril 1946, il décide de se rendre à Paris pour travailler dans l’aéronautique. Pendant près de cinq ans, il prend des cours du soir pour arriver à ses fins et pouvoir obtenir une place de dessinateur industriel.

Il se marie en juillet 1948 puis en 1951 suit ses beaux-parents et part travailler à Dakar au Sénégal jusqu’en 1964. Il revient ensuite en France et travaille jusqu’à sa retraite en 1980 chez Elf France à Paris.

Installé en Normandie, il témoigne régulièrement dans de nombreux établissements de la région notamment dans le cadre de la préparation du concours de la Résistance et de la Déportation.

Bernard Duval a publié ses mémoires en octobre 2007 dans un ouvrage intitulé Une jeunesse volée, j’avais 19 ans en 1944 aux éditions Orep.


Décorations :
Chevalier de la Légion d’honneur
Croix du combattant volontaire de la Résistance
Croix du combattant
Médaille de la déportation et de l’internement